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Le récit de Serge

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C'était il y a bien longtemps, 30 ans environ.

Nous étions en automne et ce jour-là il pleuvait. En ouvrant ma porte, comme tous les matins, je vois un gros chien blanc, à l'air sympa, assis sur le perron de mes escaliers. Ma présence n'a pas eu l'air de l'effaroucher. Au contraire, il me regardait avec de bons yeux de chien gentil. Il était mouillé, trempé même. Son attitude et son regard m'ont donné l'impression qu'il sollicitait de ma part un peu de bonté et de nourriture.



Ayant déjà un petit fox (que l'on voit sur la photo), j'ais de quoi lui préparer une bonne gamelle de pâtée. Avec mon épouse, nous l'avons fait entrer, nous l'avons séché. Il a mangé d'un appétit féroce, prouvant qu'il n'avait pas mangé depuis un bon moment. Et puis monsieur s'est endormi sur un tapis. Ce fut pour nous une belle marque de confiance, car ainsi il nous prouvait qu'il ne craignait rien de nous


Ce gros toutou n'avait ni collier ni médaille et était de race indéterminée. Il n'était pas du village, car nous l'aurions reconnu. Il avait été probablement abandonné et il avait marché sous la pluie jusqu'à notre village où il avait repéré d'instinct la maison dans laquelle il serait le mieux accueilli, ce qui explique son attitude de confiance qu'il avait lorsque nous l'avons découvert sur le perron de notre maison.

Nous l'avons laissé dormir longtemps, il devait être très fatigué. L'après-midi, nous sommes allés le montrer à notre vétérinaire. Nous avons alors appris qu'il était agé probablement de 10 à 12 ans, qu'il avait eu une patte arrière cassée qui s'était mal ressoudée, n'ayant pas été soigné, mais apparemment il était en bonne santé.

Nous en avons déduit que ce brave toutou n'avait pas toujours été heureux et que sa patte cassée venait probablement de mauvais traitements, sinon ses maîtres l'auraient fait soigner. Aussi, mon épouse, mes deux enfants et moi-même avons décidé de le garder, afin qu'il ait au moins une fin de vie plus heureuse que celle qu'il avait vécu jusqu'à présent.

Vu son âge, nous l'avons baptisé "Pépé". En plus de sa claudication de sa patte arrière, il était sourd comme un pot. Mais en dehors de ces handicaps, il était d'une adorable gentillesse, c'était un amour de chien qui ne nous a apporté que de la joie.

Une fois encore, j'ai maudit ceux qui abandonnent lâchement leurs animaux sur un bord de route, trahissant ainsi l'amour et la confiance que ces êtres dits "inférieurs" ont donné à leurs maîtres, alors que ceux-ci ne les méritaient pas. Comment les anciens maîtres de notre "Pépé" ont pu, sans regret, abandonner un toutou si gentil sur un bord de route, sous une pluie battante? Je ne me l'expliquerai jamais.

Depuis ce temps, nous avons eu 3 autres chiens dès leur naissance jusqu'à leur mort, une quinzaine d'années plus tard. Au moment où nous prenions possession de nos petits chiots, je leur faisais une promesse solennelle, et je suis certain qu'ils la comprenaient, c'est de ne jamais les abandonner.

Notre "Pépé" est mort de sa belle mort. Il est enterré sous un massif de roses dans notre jardin et nous sommes persuadés qu'il est au paradis des toutous qu'il a amplement mérité pour toute la joie qu'il nous a apporté un matin d'automne, sous la pluie, et qu'il y est heureux.

Certains nous jugeront peut-être, un peu bête de nous apitoyer ainsi sur de simples toutous, qu'ils soient racés ou pas. Ce n'est pas notre avis, car nous sommes persuadés qu'ils nous sont bien souvent supérieurs et qu'ils savent aimer totalement et pour toujours.

 

Serge Pirat



06/04/2015
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